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CORRESPONDANCE ET NOUVELLES.

ment encore apporté de grandes améliorations. Le nombre des enfans qui reçoivent une instruction régulière et des leçons tous les jours ne monte pas à moins de 503 dans quatre villages seulement, et les parens montrent en général le plus vif désir de voir instruire leurs enfans ; aussi le nombre des élèves augmente constamment depuis quelques années. Un fait remarquable, c’est l’immense supériorité d’intelligence qu’ont les enfans nés de nègres affranchis dans la colonie, sur ceux des nègres encore esclaves. Cependant les parens habitent le même pays, sont nés dans la même contrée ; mais les uns ont continué leur vie sauvage, tandis que les autres ont reçu un commencement d’éducation morale et religieuse.

Un des plus grands obstacles qui s’opposaient aux progrès des nègres était l’immense éloignement et surtout le complet isolement des villages qu’ils avaient formés ; aussi le gouvernement de la colonie s’est-il constamment appliqué à rendre les communications plus nombreuses et plus faciles ; des routes, des ponts ont été construits de toutes parts. Ils sont l’ouvrage des nègres, qui se sont très-volontiers soumis à un décret qui exigeait d’eux, pour ce travail, un certain nombre de jours par mois, et pour lesquels ils n’étaient point payés. C’est une preuve de leur soumission aux réglemens de la colonie.

Dans les villages assez populeux pour être la résidence des ministres du culte, l’influence du christianisme s’est fait sentir rapidement, et l’on ne saurait trop faire l’éloge du zèle des missionnaires.

Les dépenses de la colonie ont aussi beaucoup diminué depuis quelques années, et l’on ne peut attribuer ce résultat qu’aux efforts des nègres eux-mêmes, et aux progrès de leur activité et de leur industrie. De 1812 à 1823, les dépenses ont été, année commune, de 1,425,000 fr. ; mais elles décroissent chaque année fort rapidement : en 1824, elles étaient encore de 780,000 fr. ; en 1827, elles n’étaient plus