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SIÉGE D’ALGER PAR CHARLES V.

restèrent sans tentes et sans abri, exposés à toute la fureur de l’orage. En peu de temps, la terre fut couverte d’eau au point qu’ils ne pouvaient se coucher. Leur camp, placé dans un terrain bas, était entièrement inondé ; à chaque pas, ils entraient jusqu’à la moitié de la jambe dans la boue ; et le vent soufflait avec tant d’impétuosité, que, pour se soutenir, ils étaient obligés d’enfoncer leurs lances dans la terre pour s’en faire un point d’appui.occasion si favorable d’attaquer ses ennemis. Dès le point du jour, il fit une sortie avec ses soldats, qui, ayant été sous leurs toits à l’abri de la tempête, étaient frais et vigoureux. Quelques soldats italiens, qui avaient été postés le plus près de la ville, découragés et glacés de froid, s’enfuirent à l’approche de l’ennemi : ceux qui occupaient les postes moins avancés montrèrent plus de valeur ; mais la pluie ayant éteint leurs mêches et mouillé leur poudre, leurs mousquets étaient devenus inutiles, et pouvant à peine soutenir le poids de leurs armes, ils furent bientôt mis en désordre. Presque toute l’armée, ayant à sa tête l’empereur, fut obligée de s’avancer pour repousser l’ennemi, qui, après avoir tué un grand nombre d’impériaux et jeté l’épouvante dans le reste, se retira en bon ordre.

Le sentiment de ce désastre et de ce premier danger fut cependant bientôt effacé par un spectacle plus affreux encore et plus déplorable. Il faisait grand jour, et l’ouragan continuait dans toute sa force ; on voyait la mer s’agiter avec toute la fureur dont ce