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lieux témoins des anciennes victoires de nos soldats, et sans doute aussi ceux consacrés par des succès nouveaux.

M.

— Une circonstance fortuite nous a fourni l’occasion de parcourir le Musée Dioclétien[1], qui sera bientôt ouvert au public. Dans l’étonnement où nous sommes encore de la vue de tant de chefs-d’œuvre, nous nous garderons bien de porter un jugement prématuré sur cette exposition. Nos yeux sont trop éblouis de ce premier aspect, pour exprimer tout ce que de nouvelles visites plus calmes et plus prolongées nous révèleront de beautés et de richesses. Nous nous bornerons donc à citer ce qui nous a le plus frappé dans cette visite rapide.

Nous avons distingué dans le grand salon un tableau tournant, peint d’un côté par Sebastien del Piombo, et de l’autre par Jean Van Eyck de Bruges ; ce tableau, unique dans son genre, est posé sur une rose des vents. Puis une femme et deux enfans soufflant des bulles de savon. Ces trois têtes ravissantes sont dues au pinceau de Greuze.

Dans le second salon, un portrait magnifique, par le Titien. Un saint Vincent de Paule, par Moralès. La Vierge au voile, de Raphaël, etc.

Dans le troisième salon, plusieurs Rembrandt remarquables et un tableau représentant Hercule et ses travaux, dont l’effet nous a paru merveilleux.

Nous engageons les amateurs à aller visiter cette étonnante collection, et à s’arrêter aussi devant un Guido, qui, par un tour de force extraordinaire, a représenté un Christ en raccourci, comme si la toile eût été horizontale. Ils s’arrêteront, sans que nous les en avertissions, devant de magnifiques Rubens, des Jules Romain, des Dominicain, des

  1. Rue Neuve-des-Mathurins no 1.