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FRAGMENS LITTÉRAIRES.

sérieuses pour ses jours. En voyant tant de charmes flétris, je me reprochais d’être la cause de ses maux ; cependant elle se rétablit enfin, et cette scène affligeante s’effaça peu à peu de sa mémoire…

» … Maria n’avait plus rien à opposer à son mariage avec Ludovico ; il lui avait montré tant de preuves d’attachement et de sollicitude durant sa maladie, qu’elle avait oublié sa répugnance première. Elle donna enfin son consentement. Leur union fut célébrée avec pompe : il y eut un bal magnifique ; mais les conviés ne remarquèrent pas sans surprise un moine de petite stature, portant le costume de l’ordre de saint François, qui semblait s’attacher aux pas de Ludovico et de sa nouvelle épouse. Chacun se demandait ce qui pouvait l’amener à une semblable cérémonie. L’heure était déjà avancée ; on commençait à déserter la salle du bal pour celle du festin, et l’on prit place à table. Sans y être invité, le moine s’assit en face de Ludovico, sur lequel il fixait des regards scrutateurs. L’étonnement redoubla, et le repas fut assez triste. Pour ranimer la gaieté, quelques convives proposèrent des toasts au bonheur futur des époux. Quand vint le tour du franciscain, il se leva d’une manière grave, prit une coupe, et s’adressant à Ludovico, il l’invita à porter la santé de Gioachino. Ludovico hésita ; son trouble était extrême. « Si tu sais quelque chose de mon malheureux Gioachino, dit M. de B… flottant entre la crainte et l’espérance ; parle, calme l’inquiétude d’un