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FRAGMENS LITTÉRAIRES.

avaient depuis long-temps en vue le bâtiment barbaresque, et étaient sur le point de le rejoindre, lorsqu’un coup de vent les en sépara, et M. de B… rentra dans le port, accablé de désespoir. Que devint le corsaire ? fut-il englouti par les flots ? c’est ce qu’on ne sait pas. M. de B. envoya sur la côte de Barbarie ; mais il ne put rien apprendre de la destinée de son fils.

« Deux ans s’étaient passés en vaines recherches ; Ludovico avait lui-même parcouru une partie de l’Italie pour retrouver son frère. Le marquis de B… se consolait en quelque sorte de la perte de Gioachino, en voyant les vertus de son second fils. La jeune comtesse Maria paraissait elle-même touchée de son dévouement, sans cependant pouvoir se défendre d’un secret mouvement d’aversion qu’elle ne savait à quelle cause attribuer. Trompées dans leur premier espoir d’union, les deux familles résolurent de donner Maria à Ludovico. Celui-ci reçut d’abord la proposition avec joie ; il ne pouvait être insensible à la beauté de sa cousine ; cependant il refusa, disant que son frère pouvait vivre encore, et qu’il serait au désespoir, si jamais il revenait, de s’être emparé d’un bien qui lui était promis ; il engagea en même temps son père à tenter de nouvelles recherches. Elles n’aboutirent à rien : deux ans se passèrent encore, et Gioachino ne reparut pas. Les parens renouvelèrent alors leurs instances auprès de Ludovico, qui se laissa fléchir ; mais la jeune comtesse paraissait peu disposée à cette union ; elle espérait toujours revoir son Gioachino. Les