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HISTOIRE.

livrait les rênes du gouvernement jusqu’à les rendre maîtres du trône, dont ils disposaient à leur gré.

L’intérieur de ces gynécées est dépeint très-fidèlement dans l’histoire d’Esther, et Hérodote nous initie dans les mystères de ces harems par le récit d’une intrigue de cour du temps de Xerxès. Le harem était divisé en deux appartemens ou corps de logis : les femmes ne passaient du second, habité par les dernières arrivées, dans le premier, qu’après avoir été admises à partager la couche du roi.

Le luxe effréné qui se transforme en un cérémonial importun finit par imposer un frein aux désirs du despote absolu. L’étiquette à la cour de Perse exigeait qu’une beauté nouvellement arrivée se servît pendant un an de parfums, pour être reconnue digne des embrassemens du despote[1]. Le nombre des concubines[2] devait être assez grand pour lui offrir tous les jours une nouvelle victime[3]. La haine et l’esprit de persécution, qui cessent à mesure que le théâtre des passions est plus resserré, furent portés dans le harem des rois de Perse à un degré inconcevable. Amestris, femme

  1. Cette même gêne subsiste encore à la cour des schahs de Perse.
  2. Esther, 1. c. Chacune d’elles ne partageait ordinairement la couche du roi qu’une seule fois, à moins qu’elle n’y fût expressément appelée de nouveau.
  3. Darius, fils d’Hystaspe, eut trois cent soixante concubines. Leur nombre devait, selon l’usage de la cour, égaler celui des jours de l’année. Diod. ii. 220