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CONSIDÉRATIONS SUR MADAGASCAR.

Ces cailloux brillans, l’ambre si doux à l’odorat que la mer jette sur ses bords, des substances résineuses et parfumées qui rivalisent avec celles de l’Arabie, les fruits magnifiques de la zone torride suspendus aux arbres gigantesques, tout cela forme un merveilleux spectacle qui se marie à la beauté d’une terre intacte et primitive, éblouissante et fraîche comme l’aspect du monde aux premiers temps de la création.

Les abeilles des montagnes distillent en abondance le miel vert si recherché et si rare. La cire que le Malgache sait en extraire est un produit qu’il cède avec avantage aux traitans (c’est le nom que l’on donne aux Européens fixés sur les côtes de l’île).

Le riz n’est pas le seul grain nutritif que l’on recueille à Madagascar ; on y récolte aussi de l’orge depuis plusieurs années, et le succès de cette culture étonne quand on vient à penser que les semailles sont confiées à une terre qui n’a subi aucune des préparations d’usage en agriculture. Les Malgaches ne sont pourvus d’aucun instrument aratoire en fer. Les pioches, les maillets que le commerce leur apporte de temps à autre, sont aussitôt mis en pièces pour en tirer le fer, que l’on recherche plus que l’argent dans les lieux reculés où le plus utile de tous les métaux n’arrive que difficilement.