Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/356

Cette page a été validée par deux contributeurs.
338
HISTOIRE.

ques. Mais les prévenances excessives que les deux derniers gouverneurs de Maurice ont eu pour lui l’aveuglèrent enfin ; il porta l’exagération de ses idées sur son mérite et son génie, jusqu’à se croire supérieur en lumières aux Anglais eux-mêmes, en sorte que dans les dernières années de sa vie, ce roi de quelques tribus sans arts, et dépourvues de tout bien-être physique, renvoyait de sa cour avec hauteur les agens de cette même Angleterre, inspiratrice de ses succès en tout genre.

La fin prématurée et violente du réformateur Malgache, mort (27 juillet 1828) empoisonné par sa propre femme, la reine Ranavala-Manjoka, simplifie beaucoup la question de notre établissement définitif à Madagascar et sur une grande échelle.

1o La race d’aucun chef actuel de ce pays ne remonte plus haut que 1642, époque de notre première descente dans l’île. Nos droits sur cette terre féconde étant plus anciens que ceux de tous les petits souverains qui depuis s’en sont disputé la possession, il s’ensuit qu’ils sont aussi les plus légitimes, et qu’aucun pouvoir, soit indigène, soit étranger, européen ou oriental, ne peut s’immiscer, sous quelque prétexte que ce soit, dans nos projets sur Madagascar.

2o Tous les chefs de tribu, à l’exception de Rabéfagnan, qui commande dans la partie de l’île où s’élevait jadis le Fort-Dauphin, et de Bédouck, chef de la tribu des montagnes, le même qui fit étrangler en 1824 trois émissaires de Radama, lequel exigeait de lui la reconnaissance de la suprématie