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HISTOIRE.

de ces établissemens meurtriers, néanmoins, depuis 1642, des aventuriers de toute espèce, des esprits remuans, sans autre mandat que celui qu’ils tenaient de leur courage et de la supériorité que la civilisation leur donnait sur des peuples enfans, n’ont cessé d’aborder au Fort-Dauphin, à Manauzarié, à Tamatave ; et même aucune révolution ne s’est déclarée dans le gouvernement barbare de ce pays, sans que des Français isolés n’y aient joué un rôle important.

Radama, le dernier roi des Ovas, homme fort supérieur à ses peuples, avait conçu, même avant Mohammed-Ali, pacha d’Égypte, l’idée féconde d’envoyer en Europe plusieurs jeunes insulaires, afin qu’après s’être abreuvés, si je puis le dire, aux sources de la civilisation, ils devinssent un jour pour leur souverain des sujets régénérés, des auxiliaires intelligens et fidèles. Ce prince, qui commençait à revenir de son engouement pour les Anglais, avait chargé un Français de rédiger un corps de lois qui, d’après la volonté du conquérant Malgache, devait régir toutes les parties de l’île soumises à son obéissance ; il eût été intéressant, dans quelques années, d’observer les effets de la civilisation naissante sur cette terre que le régénérateur africain avait trouvé dans la grossièreté informe de la nature.

Radama n’avait été ni flatté ni recherché par le gouvernement de l’île Bourbon, qui ne se souciait pas à bon droit d’entretenir à Tananarive (Émirne) un agent absolument inutile, dont l’unique occupation aurait été vraisemblablement d’avoir avec