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VOYAGE AU JAPON.

narque, six cent soixante-trois ans avant Jésus-Christ ; et, ce qui est unique, parmi toutes les nations du monde, c’est le descendant en ligne directe de ce premier fondateur, qui est encore aujourd’hui Dayri ou empereur ecclésiastique du Japon. Les Japonais ont été isolés du reste du monde, excepté de la Chine, dont ils ont emprunté leurs lois, leur religion, et presque tous leurs usages, jusqu’à une époque qui ne remonte pas au-delà d’un siècle.

Autrefois l’autorité souveraine était tout entière entre les mains du Dayri, et les ministres de la religion, dont ce prince est le chef suprême, exerçaient une grande influence dans l’empire ; mais, il y a à peu près 450 ans, une famille puissante s’empara de l’autorité, et ne laissa au Dayri que les attributions religieuses. Toutefois il a conservé quelques apparences de puissance qui se réduisent à donner pour la forme une espèce d’investiture de certaines dignités dont les titulaires sont nommés par l’empereur civil. C’est à Méaco que réside le Dayri, qui s’appelle aussi Jesico. J’ai déjà dit qu’il ne se montrait jamais en public. Un très-petit nombre de hauts dignitaires et ses femmes sont les seules personnes qui approchent de lui. Le souverain de fait, ou empereur civil et militaire, porte les titres de Tencaudoni et de Cubo sama. Son autorité est très-grande ; mais soit par délégation ou par des priviléges dont j’ignore l’origine, il y a des espèces de vice-rois qui, bien que soumis à l’empereur, ne laissent pas que d’avoir une grande puissance dans