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HISTOIRE.

Ceux qui forment la cour et l’entourage du prince montrent fréquemment l’audace et la turbulence qui caractérisaient les grands vassaux de notre ancien système féodal, et il serait assez souvent facile de confondre le chef suprême avec ses subordonnés. Ces priviléges aristocratiques sont héréditaires. Lorsque le Rana d’Odipour quitte la capitale, le gouvernement de la ville et l’administration du palais sont remis au chef du saloumbra. C’est encore ce chef qui, à l’installation d’un souverain, est chargé de lui ceindre l’épée et de lui remettre les insignes de sa puissance. Les lois relatives à la succession au trône posent une barrière insurmontable à l’usurpation que ce ministre tout puissant oserait tenter ; mais lorsque c’est un homme de talent et de capacité, il n’en possède pas moins le pouvoir réel, et dans ce cas le prince n’est qu’un simulacre de souverain.

Des priviléges héréditaires, tels que celui de se trouver à l’avant-garde, sont quelquefois réclamés par plusieurs familles. L’histoire en fournit un exemple qui peut également donner une juste idée de l’intrépidité de ces peuples. À l’attaque d’Ontala, place forte de la frontière, on fut arrêté par la réclamation des Chondawuts et des Sucktawuts qui prétendaient former exclusivement l’avant garde. Le Rana décida que cet avantage appartiendrait de droit à celui des deux clans qui pénétrerait le premier dans Ontala. Ils se précipitèrent à la fois et arrivèrent ensemble à la place, dont les Sucktawuts tentèrent d’enfoncer les portes, tandis