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LA GRÈCE EN 1829.

rates. J’ai déjà dit que les rives de l’Argolide et celles du golfe de Corinthe étaient habitées par une race albanaise qui a peu de rapports avec le reste des Grecs. Elle s’en distingue par un extérieur plus prévenant, plus de travail, plus d’entente de l’agriculture, et par conséquent plus de richesse. Elle se mêle peu avec eux, et la langue nationale, qu’elle parle toujours, lui conserve un caractère d’originalité.

Entre les Grecs cultivateurs des plaines, on remarque également plusieurs différences ; dans un pays aussi étroit, il y a des nuances nombreuses d’idiomes, de mœurs et de caractères. L’ignorance, la superstition et l’amour de l’argent, sont les points de rapprochement les plus intimes. C’est le fruit de la barbarie et d’un long asservissement qui tenait les parties mêmes les plus voisines sans rapport les unes avec les autres ; aussi y a-t-il, de canton à canton, une foule de rivalités et d’animosités qui déchirent tout le pays, et le jettent dans un état continuel de disputes, de petites guerres et de vengeances. La misère leur donne aujourd’hui leur principal aliment, et à cette disposition bien malheureuse des esprits les primats sont venus joindre leurs intrigues et les chefs de bandes leurs sanglans démêlés. On conçoit tous les désordres qui ont dû résulter, et la prodigieuse activité qu’a dû prendre la guerre civile chez un peuple où il y avait tant de germes de discorde.