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HISTOIRE.

comprendre d’elles, surtout lorsqu’ils leur apporteront des idées d’un ordre élevé et des connaissances scientifiques ? Qu’on instruise ces jeunes Grecs dans notre agriculture, qu’on leur apprenne à connaître le prix et à tirer parti de la terre : on leur aura rendu le plus grand de tous les services et on aura fait des hommes utiles ; toute autre éducation ne peut qu’être nuisible à eux et à leur pays.

Misère.

Ainsi la première de toutes les nécessités est de soustraire le peuple à la misère qui le dévore. Le pays est ravagé de fond en comble, les maisons sont brûlées, les vignes et les oliviers sont arrachés, les troupeaux détruits, le peu de capitaux que possédait le pays absorbés et passés en entier entre les mains des voleurs. Au milieu de tant d’obstacles, il y a bien peu d’espérance qu’il puisse de long-temps se relever de ses ruines. On manque de semences pour féconder la terre ; le gouvernement pourra en distribuer, mais le peuple qui meurt de faim les consommera au lieu de les employer à la culture. Un philanthrope anglais avait imaginé d’introduire les pommes-de-terre en Grèce, il en avait planté sur plusieurs points ; pendant la nuit elles étaient déterrées et volées par les malheureux qui n’avaient rien pour subsister. Les bras manqueraient moins que le reste[1] : car s’ils sont in-

  1. La population de la Morée était portée avant la guerre à