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LA GRÈCE EN 1829.

Population des plaines.

Dans les plaines de l’Élide, sur les côtes de l’Achaïe, dans les environs d’Argos et de Tripolitza, dans la belle vallée de l’Eurotas, j’ai vu encore des cultivateurs qui s’efforcent de se relever de leurs désastres. Bien différens de ces pallikares qui ne nous inspirent que du dégoût, ils ont l’air laborieux et honnête ; ils sont propres, doux, bienveillans et hospitaliers ; leurs armes sont des instrumens de culture. Il faudra sans doute bien du temps pour éclairer leur ignorance, mais au moins il y a de la ressource chez eux, parce qu’ils ne sont pas corrompus comme les primats, ni brigands comme les pallikares. Une chose leur fait beaucoup d’honneur : c’est la rareté des crimes parmi eux. Elle est d’autant plus surprenante aujourd’hui, qu’on devrait s’attendre à tout le contraire, après six années de désordres, au sein d’une misère affreuse, et lorsque tant d’exemples de dépravation sont donnés par une classe supérieure. Cependant il n’y est presque jamais question de vols, d’assassinats et d’autres crimes assez communs dans les pays les plus civilisés. Leur organisation communale pourrait également être prise pour modèle ; elle date probablement d’une époque ancienne et en a toute la simplicité. Le chef de la commune est choisi par les habitans et exerce gratuitement ses fonctions. Ils sont garans et solidaires les uns des autres ; si un crime est commis dans l’intérieur