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LA GRÈCE EN 1829.

nement. Alors le pillage recommençait avec plus de force parce qu’il était plus étendu.

J’expliquerai plus loin l’accord infâme qui s’est fait entre les primats et les chefs des troupes, pour voler l’état, sous le prétexte de l’entretien de l’armée. Ce pillage était public, et loin de le cacher, tout le monde l’avouait ouvertement : on le regardait comme un moyen de faire fortune tout comme un autre.

Guerre civile.

Tant qu’il y a eu matière à voler, les primats et les chefs de bandes se sont entendus merveilleusement. Mais la mine a fini par être épuisée ; alors les divisions ont éclaté. Il s’agissait de s’arracher les dépouilles ; personne n’en avait eu assez, et chacun signalait des voleurs. Les primats, d’un côté, qui composaient le gouvernement nominal ; les chefs de bandes, de l’autre, qui avaient la force réelle, se sont fait une guerre acharnée. Les premiers avaient besoin d’alliances, il a fallu les payer, de sorte que tout l’avantage du combat a été pour les seconds. C’était le pays qui en faisait les frais, bien moins encore par les sommes considérables qui, au lieu de servir à sa défense ont été partagées entre les voleurs, que par le mal beaucoup plus grand qu’a excité cette guerre intestine, en divisant toute la nation, en ranimant avec plus de fureur que jamais cette soif de l’or pour laquelle les Grecs n’ont que trop de penchant, en étouffant tout ce qu’il y avait