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LA POLOGNE ANCIENNE ET MODERNE.

l’organiser en recevant l’élite de la jeunesse polonaise.

» L’anniversaire de la glorieuse constitution du 3 mai, qui arriva sur ces entrefaites, fut célébré avec une pompe touchante. On choisit ce grand jour pour bénir solennellement les aigles destinées à servir de drapeaux à l’armée nationale. La main du respectable vieillard Stanislas-Nalencz Malachowski y fixa le premier clou. Une garde nationale pour la ville de Warsovie fut décrétée à l’occasion de cette fête. Les succès de la grande armée mirent au comble l’enthousiasme des Polonais ; c’est dans la capitale surtout qu’il s’exhalait avec le plus de force et de vigueur. Il serait difficile, disent les témoins oculaires, de trouver des termes assez expressifs pour peindre le zèle et l’ardeur avec laquelle les citoyens s’empressaient à l’envi de concourir à la prompte confection des travaux de Praga, faubourg de Warsovie, dirigés par des ingénieurs français. C’était un spectacle vraiment touchant de voir les citoyens de toutes les classes, hommes, femmes, enfans, les prêtres des paroisses et des communautés religieuses, même les plus âgés, les corps de métiers, leurs drapeaux en tête, les étudians, les juifs même, courir tous en troupes, la bêche à la main, travailler toute la journée sur les glacis, et revenir le soir en masse, au son d’une musique guerrière, se livrant à tous les transports de cette joie brillante, gage de la satisfaction publique.

» Enfin la sanglante bataille de Friedland, li-