Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.
222
CORRESPONDANCE

une quantité considérable de traînards s’abattit sur le faubourg de Péra et en remplit les rues et les jardins. Le parc du palais de l’ambassade anglaise en était tellement couvert, qu’il était impossible de parcourir ses allées sans en écraser des milliers, et qu’en peu d’instans ils détruisirent toute la verdure. Un matin, cependant, ils prirent tout à coup leur essor vers la mer Noire, mais ayant éprouvé des vents contraires, ils allèrent tous périr à l’entrée du Bosphore. Une partie de ces insectes, emportée par les courans, fut jetée sur le rivage de Bojukdéré et de Terapia, mais la plupart furent entraînés jusque devant Pera, où, rencontrant le courant du port, ils formèrent une barrière de près d’un mille de long entre les deux courans, jusqu’à ce qu’entraînée dans la mer de Marmara leur masse se rompit et se dispersa. »

W…


GRÈCE. — État de l’instruction primaire en 1829. — « … Mon premier objet, en voyageant en Grèce, était d’y vérifier l’état des écoles. Ce que j’ai vu de l’ardeur des enfans à recevoir l’instruction, et l’étonnante rapidité de leur intelligence a dépassé tout ce qu’on m’avait dit.

» À Égine, où le séjour momentané du gouvernement fait affluer les nationaux, les bâtimens manquent aux écoles. J’ai vu des enfans étudier à l’ombre d’un mur, parce qu’ils ne pouvaient trouver place dans l’enceinte. Dans la pénurie de toutes choses, on voit à peine un volume entier dans une école ; les élèves se partagent les feuillets, et ceux qui ne peuvent en avoir copient leur leçon. Malgré ces difficultés matérielles, on ne saurait exprimer les progrès de ces pauvres enfans.

« Cette ville seule possède actuellement vingt écoles d’enseignement mutuel de 15 à 100 enfans chacune. L’asile des orphelins, bâti par souscription pour les enfans grecs dont les parens sont morts en servant la patrie, en renferme 500. Non loin s’élève un collége de 120 élèves, où l’on étudie