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MÉLANGES.

LES PARIAHS.

Croira-t-on qu’il existe dans le monde un pays où une partie de la population est née pour l’avilissement, et vouée pour la vie au plus souverain mépris par le reste de ses compatriotes ? Telle est cependant la vérité : ce pays est l’Inde, et cette race est celle des Pariahs. Comme tout est image dans la religion de Brahma, et comme les usages civils sont fondés sur des préceptes religieux, la distribution des Indiens en castes doit reproduire une allégorie. Ainsi la croyance qui fait sortir les Pariahs et en général toute la caste des Sudras des pieds du dieu, indique assez une servilité et les emplois humilians auxquels les attache une irrévocable destinée, le hasard de la naissance. Ces Sudras forment une caste très-nombreuse, qui se subdivise à l’infini, suivant la condition à laquelle chaque individu est appelé ; et, à quelques exceptions près, c’est toujours la profession de sa tribu. L’Inde seule conserve ce phénomène des mœurs antiques qui ne permet à personne d’abandonner la profession de son père.

Les Pariahs vivent hors des villes, se nourrissent de rats, de souris et d’insectes, et en général de tout ce qu’il y a de plus immonde. L’aversion qu’ils inspirent est telle, que tout individu, soit mahométan, soit hindou, se croirait souillé,