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VOYAGES.

modes, et qui peuvent contenir un grand nombre d’hommes et de chevaux. Ces bacs passent d’un bord à l’autre, au moyen d’un fort cable tendu sur les deux rives. J’aurais de la peine à me rappeler les noms des villes, bourgs et villages que je traversai. Il n’y a pas, ainsi que j’ai déjà dit, un quart de lieue désert dans tout le Japon, et je doute que dans aucun pays de l’univers, il soit possible de rencontrer aussi près l’une de l’autre autant de grandes villes, parfaitement bâties, et prodigieusement peuplées. Partout je remarquai le même mouvement, ainsi qu’une abondance merveilleuse de toute espèce de marchandises et de comestibles prêts à toute heure, et à des prix si bas, que les plus pauvres gens peuvent aisément y atteindre. C’est ainsi que, régalé et accueilli dans tous les lieux où je passai, avec un empressement et des soins extrêmes, j’arrivai dans la grande cité de Méaco. Je pourrais singulièrement alonger ma relation si je faisais mention de toutes les choses dignes de remarque qui frappèrent ma vue dans ce trajet. Je puis assurer que j’ai traversé plusieurs villes de cent cinquante à deux cent mille habitans, et je ne me rappelle pas avoir vu un seul bourg ou village de peu d’étendue. J’arrivai en vue de Méaco dans l’après-midi. Cette ville est à juste titre fameuse dans l’univers par sa beauté, son étendue, et par le nombre immense de ses habitans. Je n’ai pu au juste le savoir ; mais en comparant les diverses informations qui m’ont été données, je ne puis le fixer au-dessous de quinze cent mille ames, et je crois qu’on peut la