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GÉOGRAPHIE.

doive passer au fils aîné de O’tsmân. Ici, y eût-il erreur, nulle induction fâcheuse n’en pourrait résulter contre la bonne foi de M. Caillié : on en devrait tout au plus tirer la conséquence que le voyageur a mal compris ou a été mal informé. Mais je ne trouve point, je l’avoue, dans l’expédition des Félâns en 1826, un motif suffisant de révoquer en doute cette transmission héréditaire du commandement, qui, établie probablement de longue date chez les Kissours, se perpétuera naturellement parmi eux, sans que les Félâns s’inquiètent d’autre chose que de percevoir le tribut par eux imposé, si en effet ils conservent une suprématie réelle sur Ten-Boktoue.

Or c’est ce dont il y aurait lieu de douter, si l’on s’en rapportait à ce que dit M. Caillié de la tyrannique insolence des Touâryqs, tandis que, s’il en faut croire son contradicteur, les Félâns sont toujours les maîtres, et la puissance des Touâryqs demeure anéantie. Malgré une assertion aussi positive, et les excellentes informations dont le docte critique se prétend possesseur en ce qui concerne les Berbers, les Félâns, les Mandings et les Touâryqs, j’ai peine à me persuader avec lui que ces derniers aient pu être chassés du pays où Caillié assure les avoir rencontrés, entre Gény et Ten-Boktoue, et où nous savions, par Mungo-Park, qu’ils étaient déjà établis il y a vingt-cinq ans sous le nom de Sourkas, que le voyageur français prononce Sorgous. Un envahissement complet, amenant à demeure sur le sol des populations nouvelles, eût seul pu produire une