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AUTHENTICITÉ DU VOYAGE DE CAILLIÉ.

de Gény, et frère du solthân de Masénah. Quoi qu’il en soit, nous savons de bonne source que le chef félân, devenu maître de la fameuse cité, y établit pour gouverneur unique le même qâyd nègre sydy O’tsmân ben Aby-Baker, membre du divân ou conseil des scheykhs mentionné ci-dessus. Et nous sommes assurés, par le critique lui-même, que l’ordre de choses établi par les Félâns n’a éprouvé aucun changement en 1828 ni 1829 ; dès-lors M. Caillié n’est pas trop répréhensible d’avoir rencontré, en avril 1828, un mode de gouvernement qui, datant de 1826, subsistait encore en 1829.

M. Jomard, dans ses Remarques, croit même trouver, dans l’indication donnée par Caillié de O’tsmân comme gouverneur de Ten-Boktoue, une particularité remarquable qui n’aurait été confirmée que postérieurement, précisément par la communication de quelques fragmens des lettres du major Laing. Mais c’est une erreur : des lettres de Tripoli, qui reçurent, dès le commencement de 1828, la plus grande publicité[1], avaient itérativement annoncé ce fait, que l’on ne saurait plus de bonne foi révoquer en doute.

Forcé d’admettre la réalité du commandement de O’tsmân, le critique a, du moins, peine à conçevoir que ce commandement puisse être héréditaire et

  1. Ces lettres, écrites par M. le baron Rousseau à M. G. Barbie du Bocage, furent lues à l’Académie des Sciences, et insérés par extrait dans divers recueils périodiques ; on peut les voir, entre autres, dans le Journal des Voyages, Ire série, t. 37. pag. 349-353.