Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.
151
AUTHENTICITÉ DU VOYAGE DE CAILLIÉ.

qu’à environ 15° de l’horizon ; d’un autre côté, la Polaire se trouvait à moins de 17° d’élévation verticale : les deux Ourses pouvaient donc, aux yeux d’un observateur vulgaire, être considérées comme près de l’horizon ; et si l’on admet quelques mouvemens du terrain, le voisinage aura pu être bien plus grand, eu égard à l’horizon visuel. Que si nous ne supposons au voyageur d’autre connaissance des deux Ourses que celle des sept étoiles principales de chacune d’elles, la Polaire seule présentera réellement le voisinage allégué, et il faudra attribuer en entier aux mouvemens du terrain le rapprochement momentané des autres étoiles à l’égard de l’horizon visuel. Au surplus, on peut remarquer en passant que si l’on admettait pour Ten-Boktoue une moindre latitude, l’élévation verticale des deux Ourses serait d’autant diminuée.

Or le critique anglais se récrie sur l’exagération de la latitude donnée à cette ville dans le travail de M. Jomard ; et là-dessus je suis très-disposé à me ranger de son avis, d’après les résultats que m’ont offerts des travaux antérieurs assez étendus sur ce point géographique ; mais ce n’est point ici le lieu d’examiner cette question de fond : c’est une tâche dont je m’occupe en autre lieu[1]. Je dirai seulement un mot de la note tant soit peu acerbe que le morose Breton a saisi l’occasion de placer, sur le pompeux charlatanisme que le commentateur

  1. Voyez ci-dessus mes Considérations critiques sur la géographie positive de l’Afrique intérieure occidentale.