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AUTHENTICITÉ DU VOYAGE DE CAILLIÉ.

unes d’elles devaient être à près de 60° au dessus de l’horizon et le groupe d’Orion qu’il dit avoir vu au levant n’était alors nullement visible ; toutes les parties de cette constellation étaient en ce moment au-dessous de l’horizon, s’étant couchées à peu près en même temps que le soleil ; et aucune étoile de ce groupe ne pouvait être élevée au-dessus de l’horizon avant huit heures du lendemain. »

Certes ces objections sont des plus graves ; mais elles sont peut-être un peu rigoureuses. Et d’abord ce n’est point au moment même où il se mettait en route, que Caillié releva l’état du ciel : il ressort évidemment de sa narration que c’est en cheminant, sans intention directe d’observer, et comme par désœuvrement, qu’il regardait la voûte étoilée ; il ne faut donc pas compter ici sur une précision que le voyageur n’a point cherché à mettre dans son récit. Et peut-être d’ailleurs n’a-t-il écrit ces détails que d’après des notes incomplètes, ou même des souvenirs indécis, qui ne devraient leur apparente netteté qu’à l’imprudent secours d’une main étrangère. Mais je veux bien supposer que l’erreur lui appartient en entier, pour montrer qu’elle n’offre point un motif suffisant de suspecter sa bonne foi.

Puisque le critique anglais regarde comme l’objection la plus forte celle qui est tirée de la position réelle d’Orion, c’est celle que j’aborderai en premier lieu. Mon explication sera simple, la voici en deux mots : Caillié n’avait point étudié le ciel ; il