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VOYAGE AU JAPON.

monde, le monarque des Espagnes était celui dont l’amitié était la plus avantageuse, tant par sa puissance que par ses grandes qualités et ses vertus, et que plus S. A. resserrerait les nœuds qui l’unissaient à mon souverain, plus elle aurait à s’en féliciter, malgré la distance immense qui séparait les deux cours.

Ma troisième demande était une conséquence de la seconde ; car, pour conserver l’amitié du roi Philippe mon maître, S. A. ne devait pas permettre à des ennemis de mon souverain, tels que l’étaient les Hollandais, de résider dans son empire, et qu’ainsi je suppliais S. A. de les chasser ; car, outre qu’en qualité d’ennemis de l’Espagne ils devaient lui être odieux, leurs mauvais procédés et leurs brigandages sur mer devaient suffire pour leur faire refuser une retraite et un abri sur toutes les côtes de la domination japonaise.

Le ministre lut ma note avec attention. Il me dit qu’elle lui paraissait très-convenable, qu’il la communiquerait à l’empereur, et qu’il me répondrait le jour suivant. Il fut si exact, que le lendemain il était chez moi à dix heures du matin. Après toutes les cérémonies d’étiquette, dont les Japonais ne se dispensent jamais sous aucun prétexte, et après la collation par laquelle commencent toutes les affaires dans ce pays, il me raconta qu’après avoir entendu la lecture de ma note, l’empereur s’était écrié plein d’admiration : « Je n’ai rien à envier au roi Philippe, si ce n’est un serviteur comme celui-ci. Admirez, vous autres, et sachez que ce