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STATISTIQUE.

du Globe, nous n’avons pas déterminé la population des états de cette partie d’Afrique d’après les estimations vagues des géographes et des statisticiens qui ne l’ont jamais visitée, mais d’après l’analyse des évaluations données, soit par les voyageurs les plus instruits qui l’avaient parcourue, soit par des personnes qu’un long séjour et des circonstances favorables mettaient à même de recueillir des faits positifs. C’est en agissant de la sorte, et en employant les moyens déjà exposés, que nous avons cru pouvoir nous arrêter aux nombres assignés dans cet ouvrage. Quand on considère l’anarchie qui désole presque toujours ces contrées jadis si florissantes ; quand on songe au gouvernement tyrannique qui pèse de mille manières sur leurs habitans, excepté les Turcs, qui ne sont qu’une très-petite fraction de la somme totale ; lorsqu’on pense que la propriété n’est presque jamais respectée, que les vices honteux dont toutes les classes sont souillées, et la condition misérable des femmes, les travaux et les fatigues dont elles sont accablées journellement, opposent un double obstacle à la marche naturelle de la population ; lorsqu’on réfléchit aux ravages que doivent produire les maladies, dont la guérison, au lieu d’être confiée à des médecins habiles, est ici livrée à des jongleurs avides, ou bien à des empiriques très-ignorans ; lorsqu’on se rappelle que la peste vient y moissonner périodiquement tant de victimes ; lorsqu’on réfléchit, dis-je, sur toutes ces causes, on ne trouve pas trop faibles les résultats auxquels nous nous sommes