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LA GRÈCE EN 1829.

gulièrement organisée. Lorsqu’on a sérieusement voulu la faire cesser, et que le gouvernement grec s’en est occupé, on l’a vue disparaître beaucoup plus promptement qu’on n’avait d’abord osé l’espérer. Cela démontre bien évidemment qu’elle était tout autre chose qu’une réunion de faits établis et indépendans les uns des autres.

Quoiqu’elle ait cessé aujourd’hui, on ne peut cependant se flatter de l’avoir entièrement extirpée. Les désordres qui régneront encore long-temps dans ce malheureux pays, l’impunité dont les pirates ont toujours joui, la tentation, qui est aussi vive que jamais, de reprendre un métier qui leur a été si profitable, et l’aversion pour le travail qui, déjà naturelle chez eux, a encore été augmentée par la facilité qu’ils ont trouvée de s’enrichir sans peine, enfin quelques actes de piraterie qui se commettent encore de loin en loin ; toutes ces causes donnent lieu de croire qu’elle n’est que comprimée aujourd’hui, et qu’elle reprendrait bientôt, si les forces navales qui sont maintenant dans le Levant venaient à s’en éloigner[1].

Lorsque, dans le siècle dernier et dans celui qui l’a précédé, on vit quelques flibustiers ou bouca-

  1. Quand l’armée française était en Morée, des transports français qui s’y rendaient, et qui portaient le pavillon blanc, ont été poursuivis par des coureurs grecs, qui croisaient entre la Sicile et la Morée. Ils n’ont dû leur salut qu’à la proximité de la côte qui a arrêté la poursuite. La forme des bâtimens grecs est assez facile à reconnaître pour qu’on ne les ait point confondus avec des corsaires algériens.