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HISTOIRE.

par 40 ou 50 hommes, réunis sur un seul point, on ne persuadera à personne qu’il y eût autre chose qu’une petite portion de ces bandits qui fût composée d’étrangers. Cette excuse est la seule qui mérite quelques mots de réfutation, car ceux qui ont prétendu que c’étaient des Turcs qui se livraient à la piraterie pour la rejeter sur le compte des Grecs, ont avancé une absurdité qu’on doit laisser sans réponse.

J’ai dit jusqu’à quel degré la piraterie était parvenue avant qu’on prît des mesures rigoureuses. Je dois ajouter qu’elle tenait à une organisation toute complète. De grandes entreprises de piraterie étaient montées sur les points principaux. Ceux qui les exécutaient ne touchaient que la plus faible portion des bénéfices ; la plus considérable revenait aux entrepreneurs, qui recevaient les marchandises pillées, et en tiraient parti. Nous avons vu que Syra était le point central où les pirates les débarquaient ; de là elles entraient dans le commerce, et les ports qui trafiquent avec le Levant ont souvent vu revenir des marchandises qui en avaient été expédiées peu de jours auparavant[1]. Quand on a détruit le repaire de brigands qui s’était établi à Grabouza, on y a trouvé de vastes magasins remplis de toutes les marchandises de l’Europe. Un fait remarquable prouve d’ailleurs que la piraterie était une institution ré-

  1. On a rapporté à Smyrne des marchandises que la douane a reconnues pour en avoir été expédiées huit jours auparavant. Il en a été de même dans beaucoup d’autres ports.