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LA GRÈCE EN 1829.

nière à Toulon. Un bâtiment pirate avait été pris sur la côte de Syrie ; plusieurs navires l’avaient reconnu pour avoir été pillés par lui. À peine arrivés à Toulon, les corsaires ont été bientôt acquittés par le singulier motif qu’ils étaient nantis d’une commission de l’évêque grec de Scarpento. On est presque honteux de faire observer, 1o qu’à Scarpento il n’y a pas d’évêque, et qu’il n’y en a jamais eu ; 2o que, quand même il en existerait un, il n’aurait aucune qualité pour délivrer des lettres de marque, et que Scarpento n’a jamais fait partie de la cause de la Grèce ; 3o que cette commission représentée par les pirates indique quelle doit être leur destination, qui est le nord de l’Archipel, tandis qu’ils ont été trouvés en flagrant délit sur les côtes de la Syrie ; 4o enfin qu’il n’est aucune commission, quelle qu’elle soit, qui puisse autoriser la piraterie. Après cela doit-on encore s’étonner de l’audace des pirates ?

On a prétendu, en faveur des Grecs, que beaucoup de bandits des îles ioniennes étaient venus prendre part à la piraterie. Il est vrai qu’il s’en est trouvé plusieurs, il a même dû s’y mêler le rebut de toutes les nations qu’on trouve en si grande abondance dans le Levant. Mais la chose a été beaucoup trop générale et organisée d’une manière beaucoup trop complète pour qu’il n’y ait eu que cette espèce de pirates. Au contraire une foule de faits témoignent que la très-grande majorité des corsaires étaient des Grecs. Quand on a vu des dixaines et un plus grand nombre encore de misticks pirates, montés chacun