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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

vâmes au port de Cabra. Je montai sur le pont, et ne pus découvrir de toutes parts que de vastes marécages couverts d’oiseaux aquatiques. Ce bras de la rivière est très-étroit, et le courant y est plus fort que dans le plus large. Je pense, avec quelque raison peut-être, qu’il rejoint le Dhioliba à peu de distance ; car en cet endroit, la branche que nous suivions incline à l’est. S’il en est ainsi, la rivière forme une grande île marécageuse qui doit être couverte pendant les inondations. À travers ces immenses marécages, on découvre le village ou la petite ville de Cabra, située sur une éminence qui la met à l’abri de l’inondation. On me dit que dans la saison des pluies, ces marais se couvrent de dix pieds d’eau, ce qui me semble une hauteur bien étonnante pour une aussi vaste étendue. On ajoutait qu’alors de grandes pirogues jettent l’ancre devant Cabra. Un petit canal conduit jusqu’au village ; mais de faibles barques peuvent seules entrer dans le port. Si ce canal était nettoyé des herbes et des nénuphars qui l’obstruent, des barques portant vingt-cinq tonneaux pourraient y passer dans toutes les saisons ; mais c’est là un travail au-dessus de la capacité et de l’énergie des nègres. Vers les trois heures de l’après-midi, nous arrivâmes à Cabra, située à trois milles au nord du gand port. En y entrant je remarquai plusieurs hutes en paille semblables à celles des Foulahs, et habitées par des esclaves marchands. Auprès des huttes étaient des tas de fruits de nénuphar, nourriture des esclaves et des classes peu fortunées. Les maisons de Cabra construites en terre,