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VOYAGE À TEMBOCTOU.

que tous les haillons qu’on avait pu se procurer avaient été employés pour la célébration de ce grand jour. Tous les hommes étaient armés de fusils, d’arcs et de lances, qu’ils déposèrent à terre pendant la prière. Les vieillards arrivèrent bientôt et furent suivis par le chef à cheval, avec une escorte de trois cents Mandingues rangés sur deux files à ses côtés, et armés de fusils. On portait devant lui un pavillon de taffetas rouge.

» L’Almami, chef spirituel, suivait Mamadi Sanici premier magistrat de la ville. Ils étaient l’un et l’autre escortés par une garde portant des drapeaux de soie blanche, avec un cœur de soie rose, dans le centre. Mamadi Sanici était vêtu simplement, mais avec beaucoup de propreté. Le costume de l’almami, au contraire, était extrêmement riche. Il portait un manteau écarlate, bordé d’un large gallon et d’une frange en or, que lui avait donnés le major Peddie, pendant son séjour à Kakondy. Tout l’orchestre de la fête se composait de deux gros tambours exactement semblables à celui de Cambaya que j’ai décrit plus haut. L’almami récita les prières avec une ferveur qui, jointe à l’aspect d’une aussi grande foule réunie pour se livrer aux exercices de son culte, donnait à cet ensemble un caractère imposant et majestueux.

… » Le 21 juillet à neuf heures du matin, nous continuâmes notre route et traversâmes un ruisseau sur le pont le plus incommode que j’aie vu de ma vie. C’était tout simplement un arbre ren-