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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

les graissent avec du beurre. Un foulah sort rarement sans avoir plusieurs lances à la main. Je remarquai qu’ils sont extrêmement propres. Ils se lavent souvent tout le corps, et toujours avec de l’eau tiède.

« Ils prisent beaucoup, mais ne fument pas, et préfèrent le tabac acheté dans nos établissemens à celui qui vient dans leur pays. Les femmes sont vives, jolies et d’un heureux caractère. Elles nétoient leurs dents avec du tabac à priser. Leur costume est simple et toujours très-propre. Comme tout le reste de leur sexe, dans l’intérieur de l’Afrique, elles sont entièrement soumises aux volontés de leurs maris, avec lesquels elles ne prennent aucune liberté, et qui ne sont, au fait, que leurs maîtres et seigneurs. Je puis dire, du reste, que je n’ai jamais vu un seul mari battre sa femme. Ainsi que les Mandingues, les Foulahs peuvent avoir quatre femmes, le Koran ne leur permettant pas d’en prendre un plus grand nombre, privilége, d’ailleurs, dont les riches seuls profitent : car les pauvres n’en ont jamais plus de deux. Ces femmes cultivent un petit jardin attenant à leurs huttes ; elles ont des endroits séparés pour dormir et pour prendre leur repas, et mangent très-rarement ensemble. Elles font à tour de rôle la cuisine du mari, qui leur donne à chacune une vache dont elles tirent le lait matin et soir. »

Le 30 mai, M. Caillié se réunit à une caravane de marchands, et le 11 juin il arriva à Couroussa, village d’Amana, sur la rive gauche du Dhioliba, (Joliba ou Niger). Laissons-le parler lui-même.