Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

l’Angleterre. Il ajouta que, dix mois après, un second baleinier avait passé auprès de l’île, qu’il était allé à bord dans une pirogue, mais n’y était resté que vingt minutes, ce bâtiment ayant repris tout de suite sa route vers l’ouest.

Un de mes officiers étant venu me dire que le Lascar Joe avait vendu à mon armurier une poignée d’épée en argent, je me fis apporter cet objet ; je l’examinai et j’y trouvai cinq chiffres, mais tous tellement effacés que je ne pus les reconnaître. Je demandai à Martin Bushart comment son compagnon se l’était procuré ; il me répondit qu’à son arrivée à Tucopia il avait vu entre les mains des naturels des chevilles en fer, des chaînes de haubans, des haches, des couteaux, de la porcelaine, le manche d’une fourchette d’argent et beaucoup d’autres objets. Il supposa d’abord qu’un bâtiment avait fait naufrage près de l’île, et que les naturels en avaient sauvé tous ces objets ; mais, lorsqu’au bout d’environ deux ans, il eut acquis une connaissance passable de la langue du pays, il reconnut qu’il s’était trompé.

Il apprit alors que les objets qu’il avait vus, ainsi que la poignée d’épée, avaient été apportés par les Tucopiens, qui se les étaient procurés dans une île assez éloignée qu’ils appelaient Malicolo[1], près de laquelle deux grands navires comme le Hunter avaient fait naufrage, quand les vieillards existans

  1. Plus exactement (ainsi qu’on s’en assura depuis) Mannicolo ou Vannicolo (Vanikoro).