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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

voulut jamais quitter mon canot, et je ne cherchai pas à l’y contraindre, parce que je regardais comme le comble de l’injustice d’user de violence envers un des sujets d’un prince dont nous avions reçu tant d’attentions, et dont le frère, le neveu et soixante de ses meilleurs guerriers avaient été tués en nous défendant. J’appris que les naturels nommaient leur île Tucopia. Ils parurent très-contens de posséder les trois personnes que nous avions débarquées ; ils me réitérèrent leurs invitations de venir à terre et d’y passer la nuit. Je leur fis entendre que j’étais obligé de coucher à bord de mon bâtiment, mais que je les reverrais le lendemain.

Je regagnai le navire à la brune. Le capitaine parut très-mécontent que je n’eusse pas forcé la pauvre femme à débarquer. Bientôt après, nous mîmes à la voile et fîmes route à l’ouest. Le lendemain matin nous passâmes à environ huit lieues d’une grande île assez élevée[1]. Là, le navire et le cutter se séparèrent ; le premier fit route pour Canton, en Chine, et le second pour le port Jackson, dans la Nouvelle-Galles du Sud.

Je crois nécessaire de dire ici que je m’occupe d’une histoire complète des îles Biti ou Fidji, depuis leur découverte jusqu’en 1825, ouvrage dans lequel on trouvera la description des mœurs et usages

  1. Cette île se trouva être plus tard l’île de Lapérouse. Si par un hasard heureux le Hunter fût passé plus près de la côte, il aurait sans doute pu recueillir les malheureux naufragés qui avaient survécu jusqu’à cette époque, comme on va le voir !!!…