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VOYAGE DANS LA MER DU SUD.

rogue. Les sauvages alors nous lancèrent une grêle de flèches et de pierres, à laquelle nous répondîmes par une décharge de mousqueterie, après quoi nous retournâmes à bord du navire. L’ancre fut bientôt levée, et nous mîmes à la voile.

Les calmes et les brises variables ne nous permirent qu’au bout de six jours de sortir du milieu de ce groupe d’îles et des innombrables récifs qui les environnent. En passant près de l’île de Bow il ventait trop fort pour qu’un canot pût tenir la mer ; nous dûmes donc renoncer à débarquer les gens de cette île, et nous continuâmes notre route.

La femme de Martin Bushart était enceinte et près d’accoucher ; il me pria, ainsi que le Lascar, de les débarquer à la première terre à portée de laquelle nous passerions. Dans la matinée du 20 septembre, nous découvrîmes une petite île que nous supposions inhabitée. Notre capitaine se proposait d’y débarquer tous nos étrangers, excepté l’homme de Bow. On fit part de cette intention à Martin Bushart, qui l’approuva. On prépara en conséquence des graines de citrouille, et quelques volailles destinées à peupler son jardin et sa basse-cour.

En approchant de l’île, nous reconnûmes qu’elle contenait un grand nombre d’habitans. Il nous arriva, dans des pirogues, plusieurs insulaires que nous supposâmes n’avoir jamais vu d’Européens. Ils étaient sans armes, mais très-sauvages. Une fois sur le pont de notre navire, ils se jetèrent sans façon sur tous les objets en métal qu’ils purent saisir et se précipitèrent à la mer pour les emporter.