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VOYAGE DANS LA MER DU SUD.

avaient jeté leurs fusils et s’étaient enfuis à toutes jambes vers nos embarcations. Dans le nombre, deux seulement parvinrent à s’échapper. La petite troupe de M. Norman ne se composait que de dix des nôtres, armés de fusils, et des deux chefs de Bow avec un de leurs hommes. Nous résolûmes de nous tenir pelotonnés, et de nous diriger ainsi vers nos embarcations, en nous ouvrant le chemin à l’aide de nos armes à feu.

Nous nous hâtâmes de gagner le fourré sur le plateau. Il n’y avait là que trois insulaires qui, au milieu d’acclamations de joie, nous crièrent que plusieurs de nos gens avaient été tués, ainsi qu’un certain nombre de naturels de Bow, et que nous ne tarderions pas à éprouver le même sort. En arrivant au haut du sentier qui conduit dans la plaine, nous trouvâmes Térence Dun étendu par terre, le crâne fracassé d’un coup de massue.

Nous vîmes alors toute la plaine qui nous séparait de nos embarcations couverte de plusieurs milliers de sauvages armés et en furie. Au moment où nous allions descendre de ce côté, un jeune homme de notre troupe, nommé Graham, nous quitte et s’enfuit dans un fourré sur la gauche de la route. Les trois sauvages que nous venions d’y rencontrer l’y poursuivirent et le massacrèrent en un instant. Ce jeune homme était le fils d’un aubergiste du port Jackson, et avait déjà beaucoup navigué. Il s’était embarqué deux ans auparavant sur un brik américain, en qualité d’interprète auprès des habitans des îles Fidji, et, après avoir procuré