Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/427

Cette page a été validée par deux contributeurs.
419
VARIÉTÉS.

en tout sens avec une adresse, une finesse d’esprit et un art que les Romains seuls possèdent au suprême degré.

Mais les principales intrigues pour le choix du successeur au trône pontifical sont manœuvrées par les ambassadeurs des grandes puissances catholiques. Ce sont la France et l’Autriche, qui, à cet égard, tiennent le haut bout ; elles ont dans leur parti un certain nombre de cardinaux, et il est rare que la nomination du nouveau pape ne soit pas arrêtée avant la formation du conclave, qui n’a lieu souvent que pour la forme. Quelquefois aussi le Vatican se trouve être la tour de Danaë, dans laquelle l’esprit inspirateur descend en pluie d’or.

Le conclave tenu à Venise, pour la nomination de Chiaramonti, sous le nom de Pie vii, dérouta toute notre ville. L’Autriche ne put y avoir aucune influence, et la terreur qu’avaient jetée par toute l’Italie, les Français qui occupaient alors la péninsule, ne contribua pas peu à cette nomination.

Dans la promotion de Léon xii, les cardinaux français et votre ambassadeur furent joués très-adroitement par le parti autrichien que conduisait le cardinal Albani, ancien légat à la cour de Vienne, et l’un des princes de l’église les plus anti-français. Cependant La Genga ne dut sa nomination qu’au parti italien, qui ne voulut point d’Albani tout autrichien : car, à Rome, on craint peut-être plus encore l’influence allemande que celle de France. D’ailleurs relativement au mérite personnel, il n’y avait pas à balancer.

Cette année, les intrigues étaient tellement dirigées sur plusieurs compétiteurs, que le conclave s’est formé sans qu’il y eût rien de décidé. Albani se replaçait sur les rangs. Gregorio, le descendant en ligne collatérale du feu roi de Naples, se rapprochait du parti français. Zurla, ancien chef d’ordre, avait aussi des prétentions. D’un autre côté, le parti de saint Ignace, redoutant toujours la remise