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UNE RENCONTRE DE BANDITS AU MEXIQUE.

Un long sommeil, ou plutôt un complet anéantissement s’empara de mon être. J’ignore comment je sortis de cet état ; mais les premières sensations que je puisse me rappeler furent un étonnement confus ; je regardais tout ce qui m’entourait, sans pouvoir distinguer aucun objet. Mes idées étaient tellement incohérentes, que je ne pouvais reconnaître la voiture placée devant moi. Enfin la situation des lieux rappela insensiblement mes pensées et me pénétra en entier de tous les détails de l’horrible événement que j’ai retracé. Alors, pour la première fois, j’éprouvai le supplice d’une soif brûlante qui me dévorait. J’essayai de me remuer ; mais je semblais fixé à terre par des liens, et aucun de mes membres ne pouvait se prêter au moindre mouvement. Je voulus parler, crier pour demander de l’eau : les sons mouraient dans ma bouche. Enfin, excité par la soif qui me consumait, jugeant par le silence et l’obscurité dont j’étais entouré, que les brigands étaient partis, je réunis tous mes efforts, et je parvins à murmurer plusieurs fois d’une voix faible : — De l’eau ? Au nom de la Vierge, de l’eau ?

— Silence ! me dit-on doucement : ils ne sont point partis.

— Non certainement, nous ne sommes point partis, répondit une grosse voix ; et trois brigands parurent devant la voiture, et demandèrent qui avait parlé.

— C’est moi, dit la même voix qui m’avait enjoint le silence.