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VOYAGE DANS LA MER DU SUD.

rent tués. On mit leurs corps dans les pirogues de nos auxiliaires, à l’exception d’un qui fut expédié sur-le-champ, par une de ces pirogues, fine voilière, à Vilear, pour y être dévoré. Après cette escarmouche, nous remontâmes la rivière jusqu’à quinze milles et nous détruisîmes les villages et les plantations sur les deux rives. Dans la soirée, nous redescendîmes et nous nous arrêtâmes à un lieu où les insulaires se mirent à préparer un festin horrible de la manière que je vais décrire.

Les cadavres de leurs ennemis furent étendus sur l’herbe et dépecés par un de leurs prêtres. Voici comment on procède à cette opération : l’on commence par séparer les pieds des jambes et les jambes des cuisses, puis on enlève les parties naturelles ; ensuite on détache les cuisses des hanches, les mains des avant-bras, les avant-bras des bras, et les bras des épaules ; finalement la tête et le cou sont séparés du tronc. Chacun de ces fragmens du corps humain forme une pièce de viande que l’on enveloppe soigneusement dans des feuilles de bananier vertes, et que l’on met au four pour la faire rôtir avec la racine de tara.

Dans la matinée du 5, nous longeâmes la côte vers l’est ; mais nous trouvâmes les villages, les forts et les plantations abandonnés. Le 8 au soir nous rejoignîmes notre navire.

Dans le commencement de mai, nous fûmes ralliés par notre allège, le cutter l’Elisabeth, commandé par M. Ballard, qui avait fait voile du port Jackson avant nous, pour se rendre aux îles Sand-