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PEUPLES DU PLATEAU DE BOGOTA.

Comme ces derniers, ils étaient vêtus de toiles tissées avec le coton qu’ils récoltent ; comme eux, ils étaient réunis en communes, et recueillaient de riches moissons de céréales ; comme eux, ils étaient soumis à deux souverains à la fois, l’un pontife suprême et rappelant le Daïri du Japon ; et l’autre roi analogue du Djogoun, ou roi actuel du Japon. Comme les Japonais encore, ces peuples de la Nouvelle-Grenade employaient dans leur calendrier hiéroglyphique, et d’une composition assez compliquée, des cycles ou séries de jours et de nombres, combinés deux à deux ; et notamment ils avaient la période de soixante ans, qui seule suffirait pour dénoter une origine asiatique. Enfin, dans la langue chib-cha, parlée par les peuples de Bogota, manquait le son de la lettre L, comme il manque aussi dans la langue du Japon.

Tels avaient été les premiers rapports découverts par M. le baron de Humboldt, et exposés dans son bel ouvrage des Vues des Cordillières ; et, à ces premiers aperçus, M. le chevalier de Paravey, dans son ouvrage publié en 1826, sur l’Origine unique des chiffres et des lettres de tous les peuples, avait ajouté de nouveaux rapprochemens non moins frappans. Comparant le cycle de jours des Muyscas avec celui des Japonais, M. de Paravey avait trouvé des deux côtés les mêmes significations (évidemment astronomiques) pour les mêmes nombres. Ainsi, au Japon, comme à la Nouvelle-Grenade chez les Muyscas, le cinquième jour était exprimé par l’idée fort complexe,