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TRIBUS MAURESQUES DU SÉNÉGAL.

» Je crois connaître assez bien le littoral de notre grand fleuve, depuis Saint-Louis jusqu’au poste de Bakel, et il n’est plus douteux pour moi que les Islamites riverains ne soient de la secte d’Aly ; voici ma preuve : les Maures sont réservés, mystérieux même, et lorsque je demandais à leurs marabous les plus renommés : « À quelle secte appartenez-vous ? — Nous sommes dans la voie droite était leur constante réponse ; mais si j’ajoutais : « Croyez-vous à la venue d’un Mâdhy (lisez Mahdy ) ? tous se hâtaient de me dire : « Il est écrit qu’un Mâdhy viendra nous juger et nous purifier »

» L’inflexion actuelle des populations noires gagnées à l’islamisme, les pousse à renverser leurs monarchies absolues et guerrières, pour y substituer des gouvernemens théocratiques sous forme d’oligarchies. Ce grand mouvement s’opère autour de nous : Mohammed-ould’-amar est l’un des chefs visibles de cette conjuration religieuse…

» Je répondrai prochainement, je l’espère, à vos questions sur les distances respectives des deux Oualâtha, de Theeshît, et du puits de Thieât. J’aurai aussi des documens neufs à vous offrir sur la position de quelques points fameux et hantés dans le désert, à deux et trois journées de distance, etc., et sur le prolongement d’une normale à la courbe, décrite par le bras principal du fleuve, depuis l’île de Saint-Louis jusqu’au marigot (ruisseau) de Gaïé, limite du territoire des Maures Trarzas…

» Agréez, etc.

Ch. Berton.