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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

Dans les contrées que l’homme n’anime pas de sa présence, le voyageur se trouve réduit à présenter les détails techniques des sciences qu’il appelle à son secours, pour peindre le sol où ses pas errèrent à l’aventure. Ses recherches, consacrées aux êtres qui peuplent ces régions dédaignées par le dominateur de la création entière, quoique graves et sèches en apparence, offrent cependant un charme de toutes les circonstances et de tous les temps.

L’ossature de la Soledad est formée par un terrain de schiste feuilleté, de la nature de la phyllade, qui supporte un grès très-blanc, à grains très-fins, constituant sans partage toutes les chaînes montagneuses, et dans ces schistes sont enclavés des débris fossiles de spirilfères. Le sol, proprement dit, se trouve réduit à une argile rouge ocreux, feuilletée, supportant deux espèces de tourbes. C’est ce que Bougainville, qui aimait à se faire illusion, nommait si improprement terre franche arable. Or, Forster et Cook, en décrivant la nature des roches du Hâvre de Noël, de la Terre des États, nous indiquent la même composition minéralogique, et il en résulte cette preuve palpable que les Malouines, de même que tous les îlots morcelés à l’extrémité de la Magellanie ont formé un tout, qui a été violemment séparé de l’Amérique par quelque grande catastrophe de la nature. La pierre à chaux ne s’offre que sous les formes de fragmens arrondis, dont l’origine est due à des polypiers qui encroûtent les roches dans plusieurs points des baies. Les deux sortes de tourbe qui se partagent toute la surface