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VOYAGE AUTOUR DU MONDE.

tats pour l’intelligence. De là, le succès de cette masse de relations de voyages que chaque année voit éclore chez les nations civilisées et, par suite, cette avidité générale pour cette branche de la littérature. On peut même dire qu’il n’existe point, rigoureusement parlant, de mauvaises narrations de voyages, et que, dans les plus médiocres, un esprit droit peut encore puiser d’utiles vérités.

Mais il est une classe de relations bien moins nombreuse, plus exclusivement en possession de fournir des tableaux neufs, pittoresques et variés : c’est celle des voyages sur mer. Franchissant les immenses solitudes de l’Océan, le vaisseau parcourt les parages les plus éloignés, les climats les plus divers ; et le lecteur, transporté sans cesse du pôle nord au pôle sud, de la zone torride aux régions tempérées, des deux Amériques au fond de l’Océanie, se trouve ainsi assister à toutes les impressions qu’ont fait éprouver au voyageur les scènes imposantes et magiques qui frappent ses regards. Qui n’a lu cent fois ce que Bougainville a dit avec tant de grâce de la délicieuse O-taïti, ce que Cook a écrit sur ces îles si riantes et si vantées de la mer du Sud ?…

Depuis la paix, la France a vu sortir de ses ports plusieurs expéditions. Leurs résultats scientifiques ont été considérables, et la publication somptueuse de tous ces travaux fait le plus grand honneur au gouvernement, qui élève à la gloire de notre patrie des monumens irrécusables de son amour pour les sciences. L’auteur de ce journal faisait