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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

avait grand plaisir à me voir, qu’il ne voulait pas que ma visite fût si courte, et qu’il désirait que j’assistasse à la réception de quelques seigneurs auxquels il daignait se montrer. En effet, on introduisit un des personnages les plus considérables du Japon, si je dois en juger par son présent qui, en barres d’or et d’argent et en étoffe de soie, valait plus de vingt mille ducats. Ce présent fut placé sur une table, et je n’oserais pas affirmer que l’Empereur jeta les yeux de ce côté, tandis qu’à plus de cent pas de distance du trône, ce tono se prosterna, la face contre terre, et resta ainsi pendant quelques minutes, dans le plus grand silence, sans que l’Empereur ni aucun des ministres lui adressât la parole ; après quoi il se retira avec sa nombreuse suite que mes domestiques m’assurèrent être de plus de trois mille personnes. Après ce tono entra le gouverneur général de Minao, qui fut reçu de la même manière, et finalement je vis arriver le R. P. Alonzo Munoz avec le présent du gouverneur de Manille. On permit à ce religieux de s’avancer de dix à douze pas de plus que les deux seigneurs dont j’ai parlé ; mais les mêmes cérémonies et le même silence furent observés à son égard, et il sortit comme eux. Je demandai enfin la permission de me retirer. L’Empereur me l’accorda en me disant d’aller me reposer. Je fus accompagné par deux ministres jusqu’à l’entrée du troisième salon, où il me remirent entre les mains des mêmes personnes qui m’avaient introduit. Celles-ci me conduisirent à la porte extérieure, avec les mêmes céré-