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VOYAGE AU JAPON.

Dès que ma réponse fut terminée, Conseconduno me considéra attentivement, et, après un moment de silence, il se frappa le front avec la paume de la main, et me dit qu’il ne jugeait pas à propos que je fusse introduit auprès de l’Empereur avant qu’il n’eût rendu compte à ce monarque de notre conversation ; il sortit et resta dans l’appartement de Son Altesse une longue demi-heure ; pendant laquelle je m’amusai à voir les bijoux et curiosités qui étaient exposés dans deux petits cabinets voisins du lieu où nous étions. Je vis là des choses admirables et dignes d’un aussi grand roi. Conseconduno, étant revenu, m’annonça que l’Empereur allait me recevoir et me faire un honneur qui n’avait été fait à personne au monde avant moi, et qui causerait un étonnement universel dans l’empire. Je suivis le ministre, qui me conduisit en présence du souverain, que je saluai. Toute ma suite, ainsi que l’escorte nombreuse qui m’accompagnait, avait été retenue dans une des pièces qui précédaient la salle où était l’Empereur ; mais dès que j’eus salué le prince, on leur permit d’entrer, et on les fit agenouiller à une assez grande distance. L’Empereur était dans une espèce de loge en claire-voie, carrée, peu grande, mais extraordinairement riche. L’endroit où il était assis était élevé de deux degrés au-dessus du sol, et était entouré, à quatre pas de distance, d’une grille d’or de deux vares de hauteur, dans laquelle s’ouvraient plusieurs petites portes par lesquelles entraient et sortaient des serviteurs que l’Empereur appelait de temps