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VOYAGE AU JAPON.

mais il n’est dérogé à cette règle, fallût-il abattre une maison ou un édifice quelconque pour l’observer.

Au bout de cinq jours de voyage, pendant lequel, en vertu des ordres du prince, je fus reçu et traité à merveille partout où je passai, et si bien, que, si je pouvais renoncer à mon Dieu méconnu par ces barbares, et à mon souverain, je préférerais leur pays au mien, j’arrivai à Zurunga, et je vais raconter tout ce qui m’y arriva.

La ville de Zurunga contient de cinq à six cent mille habitans : elle est moins belle que Jedo ; mais son climat est infiniment plus agréable. C’est pour cela qu’elle a été choisie par l’Empereur pour en faire sa résidence. Ce prince envoya un seigneur de sa cour pour me recevoir à l’entrée de la ville et pour me conduire à la maison qui avait été préparée pour mon logement. J’éprouvai, pour y arriver, les mêmes difficultés que j’avais eues en pareilles circonstances à Jedo, par l’immensité de la foule qui s’était rassemblée pour voir des étrangers venus de si loin. La maison où je descendis était pourvue avec le plus grand soin de tout ce qui m’était nécessaire. Le lendemain de mon arrivée, l’Empereur me fit complimenter par un de ses secrétaires, qui m’apporta de sa part un présent de douze vêtemens complets, de sa propre garde-robe, extrêmement riches. Le Secrétaire me dit que son maître se réjouissait infiniment de mon arrivée à sa cour, et qu’il désirait savoir comment je me portais : qu’il m’engageait à me reposer, et à me revê-