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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

Après avoir séjourné dans cette ville 16 à 18 mois, pendant lesquels on aurait dressé quelques esclaves mandingues ou bambaras, parlant les langues kissour et touarik, il faudrait se procurer une bonne pirogue de moyenne grandeur, aussi bien construite qu’elle puisse l’être dans le pays, pour mettre à bord les marchandises et provisions convenables ; ce parti serait nécessaire à cause de l’incertitude de pouvoir s’en procurer chez les peuples qui habitent les rives du fleuve, et dans le cas où l’on aurait à craindre leur inimitié. En promettant aux esclaves leur liberté, on les engagerait facilement à faire ce voyage, que l’on enteprendra sous le prétexte de commercer dans le bas du fleuve, pour acheter de la gomme, de l’ivoire, etc. On ne serait pas obligé de prendre autant de précautions si l’on naviguait au-dessus de Cabra.

Pour ne pas faire naître aucun soupçon, au moment du départ il faudrait laisser à Temboctou une certaine quantité de marchandises, avec un esclave affidé, chargé de les vendre, sous la direction d’un négociant maure, pendant l’absence du voyageur.

Quand on sera sur le fleuve, dans la pirogue, avec six esclaves bons nageurs, il faudra marcher de préférence la nuit, à cause des peuplades vagabondes, les Touariks ou autres : si on les rencontre le jour, on peut s’en débarrasser en leur faisant quelques cadeaux. Cette conduite, suivie avec discernement, prudence et réflexion, serait, je crois, susceptible d’un plein succès, et me paraît préfé-