veillaient même. Ce sont ces espèces d’hommes que les Maures d’une classe supérieure nomment Zénagues (tributaires). Ils sont très-ignorans ; beaucoup ne connaissent pas même les premiers morceaux du Coran ; ils font cependant les cérémonies religieuses. Mais un étranger pauvre, et ne connaissant pas leur langue, est à leurs yeux une personne très-peu recommandable, pour laquelle même ils ont une sorte de mépris ; je m’attendis donc à beaucoup souffir dans la traversée du désert.
Mon hôte me prévint qu’il m’avait loué un chameau pour Tafilet. Les trente mille cauris d’étoffes provenant de la vente de mes marchandises à Jenné, servirent à payer le loyer du chameau. Sidi-Abdallahi me dit qu’il garderait mon étoffe, et qu’il donnerait à mon guide dix mitkhals d’or ou trente piastres[1]…
… J’aurai laissé après moi d’immenses découvertes à faire, surtout relativement à la partie géographique et à l’histoire naturelle ; tout ce que j’ai souffert ne doit pas décourager les explorateurs futurs. Sans doute leurs tentatives seront également pénibles et dangereuses ; toutefrois une entreprise conduite avec sagesse et prudence triompherait des obstacles. Il faudrait, je crois, pour en assurer le succès, voyager très-simplement, sans aucune espèce de luxe, mais adopter extérieurement le culte de Mahomet, se faire passer dans le pays
- ↑ M. Caillié partit en effet de Temboctou pour Tafilet, le 4 mars 1828.