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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

cesse : ces gens ne viennent à Temboctou que pour arracher aux habitans ce qu’ils appellent des présens, et que l’on pourrait appeler plus justement des contributions forcées ; j’en ai vu souvent rester assis dans la cour, et se faire nourrir jusqu’à ce que le maître leur eût envoyé son tribut. Ils viennent toujours à cheval, et se font donner du fourrage.

Quand le chef de cette peuplade arrive avec sa suite à Temboctou, c’est une calamité générale ; et cependant chacun le comble de soins et de présens pour lui et les siens ; il demeure quelquefois deux mois, toujours nourri aux frais des habitans et du roi, qui y joint des présens d’une plus grande valeur ; ils ne retournent chez eux que chargés de mil, de riz, de miel, et de quelques effets confectionnés.

Les Touariks ou Sourgons ne sont qu’un même peuple : le premier nom leur est donné par les Maures, et le second par les nègres : ils sont nomades et habitent les bords du Dhioliba, depuis le village de Diré jusqu’aux environs de Haoussa, que mon hôte m’a dit être à vingt jours à l’E. S. E. de Temboctou, dans une vaste contrée du même nom, que le fleuve arrose.

Les Touariks, par la terreur de leurs armes, ont rendu tributaires tous les nègres leurs voisins ; ils exercent envers eux le plus affreux brigandage. Ils ont, comme les Arabes, de beaux chevaux qui les facilitent dans leurs incursions vagabondes : les peuplades qui y sont exposées ont tellement peur d’eux, qu’il suffit de trois ou quatre Touariks pour