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DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

les Maures établis. Il y vient souvent beaucoup d’Arabes, amenés par les caravanes, qui séjournent dans la ville, et augmentent momentanément la population. Au loin, dans la plaine, il croît quelques graminées, mêlées de chardons, dont les chameaux se nourrissent. Le bois à brûler est d’une grande rareté aux environs ; on va très-près de Cabra pour s’en procurer ; on en fait un objet de commerce, et les femmes le vendent au marché. Les riches seuls en brûlent ; les pauvres font usage de fiente de chameau. L’eau se vend également sur le marché : les femmes en donnent une mesure d’environ un demi-litre pour un cauri.

Temboctou, quoique l’une des plus grandes villes que j’aie vues en Afrique, n’a d’autre ressource que son commerce de sel, son sol n’étant aucunement propre à la culture. C’est de Jenné qu’elle tire tout ce qui est nécessaire à son approvisionnement, le mil, le riz, le beurre végétal, le miel, le coton, les étoffes du Soudan, les effets confectionnés, les bougies, le savon, le piment, les oignons, le poisson sec, les pistaches, etc.

Si les flottilles venant à Cabra étaient arrêtées en route par les Touariks, les habitans de Temboctou seraient dans la plus affreuse disette. Pour éviter ce malheur, ils ont soin que leurs magasins soient toujours amplement fournis de toute espèce de comestibles. J’ai trouvé ceux de Sidi-Abdallahi pleins de grands sacs de riz, grain qui se conserve beaucoup plus long-temps que le mil.

Cette considération empêche les flottilles qui