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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

dans une gorge étroite et solitaire, où nous n’entendîmes que le cri triste et plaintif du pluvier doré qui paraît en être le seul habitant. Les buissons devenaient, à chaque pas que nous faisions, plus chétifs et plus clair-semés ; ils disparurent enfin tout-à-fait, et nous ne vîmes plus autour de nous que des rochers nus, ou couverts d’une mousse d’un vert-pâle. Arrivés au pied du pic, qui ressemble à une immense forteresse accessible d’un seul côté, nous y trouvâmes un lac dont les eaux étaient glacées, et nous ne fûmes pas peu surpris d’entendre dans ces lieux, où aucune créature animée ne semble pouvoir exister, le chant d’un oiseau. C’était celui d’une très-petite alouette qui ne vit qu’au milieu de cet hiver perpétuel, et fait son nid parmi les neiges.

» Les difficultés que nous éprouvions s’accroissaient à chaque instant ; la neige croulait sous nos pieds ; souvent nous nous y enfoncions jusqu’à la ceinture. Parvenus au sommet, nous reconnûmes qu’il a la forme d’un grand cratère semi-circulaire. Quoique cette montagne soit sans contredit moins haute que le Mont-Blanc, quelques personnes en la gravissant ont éprouvé de la peine à respirer. Un des voyageurs de notre troupe tomba de fatigue et d’épuisement en arrivant sur le sommet. Nous eûmes quelque peine à lui faire rependre ses sens, et nous attribuâmes cet accident à l’eau de neige fondue qu’il avait eu l’imprudence de boire. »

Avec des mœurs simples et patriarcales, les habitans de ces contrées sauvages, sont enclins à